SOPHIE LAHAYVILLE
Pouvez-vous nous présenter la compagnie ?
La compagnie a été fondée en 2011 avec le souhait de servir les écritures contemporaines et les projets hybrides, notamment le travail plastique et la littérature dramatique. J’ai fondé la compagnie avec Claudine Galea, pour porter le projet Barbe- Bleue-Blanc-Rouge, une installation sur le processus de l’insoumission, basée sur des archives de l’INA relatant l’indépendance de l’Algérie, et sur l’adaptation du conte de Perrault. Après quelques années de pause, j’ai réveillé la compagnie particulièrement pour porter La Petite dans la forêt profonde.
Quelle est votre démarche artistique ?
Le texte de Philippe Minyana tient du conte et de la tragédie. Il nous donne la possibilité de ne pas attribuer les personnages selon une distribution classique car ils sont à la fois acteurs et narrateurs. J’ai fait le pari que chaque acteur puisse, tour à tour, s’emparer de La Petite, de La Reine et du Jeune Roi et même, parfois, être simplement narrateur de l’histoire. Pour ouvrir ce champ d’exploration de « l’acteur-narrateur », j’ai travaillé avec Claudine Galea, collaboratrice artistique du projet, à une nouvelle répartition de la parole. Nous avons également pris le parti d’énoncer le titre de chaque scène. Quelqu’un dit « À l’orée d’une forêt », et nous voici dans la forêt, « Dans le Palais du Jeune Roi » et nous y sommes. N’ayant pas besoin de figurer les lieux, j’ai conçu un dispositif scénique permettant de passer de la forêt au palais du Jeune Roi, avec la légèreté du rêve et d’accompagner les grands rouages de l’histoire par des événements plastiques.
En quoi consiste votre rencontre avec le territoire ?
Nous allons travailler avec une classe de troisième CHAT (Classe à Horaires Aménagés Théâtre) du collège Jean Macé et la classe prépa Arts plastiques du lycée Picasso. Avec La Petite dans la forêt profonde, nous abordons des « sujets » qui affectent notre société, tels que l’abus de pouvoir, le viol, l’inceste, le crime, la vengeance. Notre objectif est, par une approche ludique, de permettre à chacun de comprendre les enjeux de la pièce et de déployer son propre imaginaire en recevant les clefs d’un processus de création. Le théâtre est un art collectif et un merveilleux médium pour oeuvrer à l’ouverture d’esprit. Nous aurons un échange avec les participants en amont jusqu’au bord plateau qui suivra le spectacle. Notre souhait est de valoriser la création artistique auprès des jeunes dans le désir d’élargir leur et notre vision du monde, et de développer une approche empathique et critique.
Si vous deviez utiliser un seul mot pour vous définir, quel serait-il ?
Abracadabra.