INTERVIEW D’OLIVIER LETELLIER
Quelle définition donneriez-vous aux Écritures contemporaines ? Et comment l’utilisez-vous ?
Olivier Letellier : Aujourd’hui, avec l’omniprésence de l’image, on ne vit plus au même rythme qu’avant et la communication n’est plus du tout la même. Les enjeux, les façons de faire et d’être sont donc totalement différentes. Mais il y a des histoires qui sont universelles et intemporelles. Elles le seront toujours, Roméo et Juliette, c’est une histoire d’amour empêché. Ce sera toujours d’actualité ! La langue c’est quelque chose qui est tout le temps en mouvement. Ainsi les écritures contemporaines le sont également et sont le reflet des préoccupations des humains d’aujourd’hui. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de m’adresser à la jeunesse du spectateur, c’est-à-dire le spectateur qui n’a pas d’expérience, qui n’a pas l’habitude d’aller voir un spectacle, de prendre le temps d’écouter… Donc il faut le prendre là où il est et l’emmener petit à petit vers un rythme qui sera plus celui de théâtre, celui de la compréhension et surtout celui qui partage.
Vous êtes présent à Fontenay-sous-Bois en résidence depuis 2/3 ans, qu’avez-vous découvert dans cette ville, au contact de ses habitants ?
O. L. : C’est la diversité entre les deux coteaux, entre le côté bois de Vincennes et puis le côté Val-de-Fontenay où évidemment ces populations se croisent. On n’est pas du tout dans le même rythme. À 20 minutes de Paris, il y a cette chose-là entre le bois et le village avec un dépaysement total. Au moment du montage du projet KILLT l’été dernier dans le jardin de la mairie, j’ai vraiment découvert à quel point c’est une bulle de douceur à deux pas de l’effervescence parisienne.
En quoi consiste la résidence artistique du Théâtre du Phare ?
O. L. : Venir rencontrer très régulièrement les jeunes spectateurs nous permet tout d’abord de comprendre leurs questionnements pour pouvoir s’en servir comme d’un public test qui serait un partenaire de création. Il s’agit vraiment de prendre le territoire comme un terreau nourrissant. Quand on fait de l’action culturelle, l’idée c’est de mieux rencontrer l’oeuvre. Et en faisant faire on apprend à faire aussi. En cherchant à expliquer et en répondant aux questions, on comprend mieux aussi ce qu’on a fait. Que ce soit en amont des créations ou après, le fait d’avoir justement des relations au long terme, que ce soit avec les équipes de Fontenay-en-Scènes, des autres services de la mairie ou avec les spectateurs et les enseignants, ça ne fait qu’enrichir le propos.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet KILLT qui s’articulera sur la prochaine saison ?
O. L. : On a déjà fait beaucoup de choses autour de la lecture à voix haute et j’avais envie de sortir le texte de théâtre du livre pour le mettre en relief, pour lui donner du volume et que ça devienne un petit peu comme une expo d’art contemporain où l’objet exposé c’est le texte d’une pièce de théâtre où le comédien emmène les spectateurs / visiteurs comme un guide. Et petit à petit, Il fait passer les visiteurs du statut de spectateur au statut de lecteur. Donc on a commencé avec un parcours qui se fait tout l’été
jusqu’au 20 septembre, dans le jardin de la mairie, en libre parcours. Et puis, l’année prochaine on aura trois rendez-vous qui vont se faire dans les écoles, les collèges, ou bien des lieux ouverts au public… En tout cas il s’agira de lieux inhabituels et pas des lieux de représentation. Ça va se faire autour du texte de Yann Verburg intitulé Les règles du jeu.
Pour vous, c’est important de sortir la lecture et les spectacles des lieux qui leur sont dédiés ?
O. L. : C’est toujours cette idée d’aller s’adresser à des gens qui ne sont pas des spectateurs. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le public avant qu’il devienne spectateur. C’est du Service Public, donc c’est au service du public. Mais le public n’est pas nécessairement des spectateurs de théâtre. Parce que rentrer dans un théâtre, ça peut faire peur et que si on nous emmène par la main dans un lieu inhabituel, un lieu insolite, c’est rassurant.
Comment présenteriez-vous votre action aux Fontenaysiens pour 2021/2022 en trois mots ?
O. L. : Partage, plaisir et… qualité. Ça sera une invitation au partage des émotions !
LES TEMPS FORTS DE LA SAISON DU THÉÂTRE DU PHARE
- Accueil du spectacle Nathan Longtemps à l’Espace Culturel Gérard Philipe le 27 novembre 2021
- Accueil du spectacle Venavi à l’Espace Gérard Philipe le 16 avril 2022
- Restitution des KILLT en kit les semaines du 15 novembre 2021, du 24 janvier 2022 et du 21 mars 2022