LES ARTISTES 2015
Phase 2 du projet où le désir profond de réunir virtuel et réel est valorisé par la technique numérique.
Jusqu’au 26 février 2015 à LaGaleru et à LaGaleru des Chemins
Du 2 mars au 26 avril 2015 à LaGaleru et à LaGaleru des Chemins
Kasia Ozga est née à Varsovie en 1981. Elle vit et travaille à Paris et Chicago. Son projet met en scène deux énormes ballons-poumons dans la vitrine de LaGaleru et nous interroge visuellement sur la place de la sculpture dans l’espace public. Le concept « We Can’t Breathe » insiste sur l’idée que l’inégalité empêche la société entière de respirer et que c’est à nous de changer la politique dominante qui fait passer la sécurité avant les droits de l’homme. En rapprochant la respiration de ballons à un questionnement sur ce qui fait respirer la ville, Kasia Ozga incite les passants de LaGaleru à devenir acteurs dans leur environnement local.
du 30 avril au 25 juin 2015
à LaGaleru et à LaGaleru des Chemins
Laura Nillni est née à Buenos Aires en 1961. Elle vit et travaille en France depuis 1987.
Son projet nous offre une lecture déstructurée de l’espace de LaGaleru en créant une bibliothèque illimitée et périodique ou aucun livre n’apparait mais seulement des fragments d’un texte illisible, qui, grâce au truchement d’un jeu de miroirs, prennent sens et s’impriment sur la rétine du lecteur attentif.
En se référant à la nouvelle «la bibliothèque de Babel» de Jorge Luis Borges, décrivant un monde qui serait une bibliothèque infinie, dont chaque livre est unique et indéchiffrable et chaque habitant un bibliothécaire en quête d’un sens caché dans les innombrables volumes, Laura Nillni invite le passant à s’interroger sur le retournement d’un mode de lecture, de l’envers à l’endroit, qui influe sur la perception du quotidien.
du 29 juin au 7 septembre à LaGaleru
Adeline Duquennoy et Manuel Reynaud artistes plasticiens lillois, travaillent en binôme depuis plusieurs années sous la dénomination Galerie Rezeda pour construire des projets participatifs mêlant artistes, territoires et habitants.
Pour LaGaleru, ils créent Model 3D, une installation combinant la présence physique d’un plateau en bois surmonté de découpes architecturales déplaçables issus des façades, des bâtiments et de l’environnement même de Fontenay-sous-Bois et la restitution vidéo sur écran de leur manipulation.
Ces formes géométriques qui sont prélevés, déconstruites et ré-agencés, réinventent ainsi un paysage issu du réel.
C’est donc un travail sur la perception collective du phénomène architectural et sur l’identification d’un point de bascule où l’environnement quotidien, par le jeu sur les échelles, devient un simple matériau d’invention à la portée de tous.
Du 1 juillet au 7 septembre 2015 à LaGaleru des Chemins
Blandine Sazerac (bsaz) est photographe. Elle vit et travaille à Ivry sur Seine.
Du 14 octobre au 16 novembre 2015
Anne-Marie Cornu, artiste et cinéaste, est née à Poitier en 1961. Elle vit et travaille à Paris
«Impromptu», l’installation présentée par Anne-Marie Cornu joue sur la taille du lieu et l’échelle des objets.
Quatre lignes colorées, quatre ondulations, comme une composition musicale libre semblable à une improvisation écrite pour LaGaleru.
L’artiste offre au passant une réflexion sur la coexistence entre soi et le monde pour laisser le regard se débrouiller seul en dehors de toute parole.
20 novembre – 20 décembre 2015
LaGaleru présente «Le treizième arbre», une installation de Magali Lambert qui, par un jeu photographique et d’illusion d’optique, transforme LaGaleru en forêt factice.
Transposé au cœur même de la nature, nous sommes témoin d’une relation poétique et vibrante qui nous interroge sur la quête d’une inaccessible étoile.
Texte :
La masse enténébrée n’a pas voulu de moi
Les propriétaires d’un large domaine, amateurs de mon travail, m’ont généreusement offert de l’espace et du temps pour créer librement. Seule contrainte : la forêt comme objet de recherche. Mise à disposition.
J’arrive dans la nuit et sous une pluie battante. Il m’est alors difficile de percevoir les formes partiellement éclairées. La lumière des phares effleure trop furtivement les ombres épaisses. Seul le mur blanc de la maison se rend visible sans effort. Sa couleur et sa masse en parfait contraste avec son environnement.
Un peu comme nous parmi les arbres
Verticaux pourtant
Nous ne trompons personne
Surtout pas
Eux
Ils m’ont préparé le logement adjacent à la résidence principale. La nuit est passée, la pluie a cessé. Je distingue désormais parfaitement le paysage derrière la vitre salie par l’eau iodée.
Je ne dispose que de quelques jours pour investir le lieu. J’ai déjà des idées d’images à réaliser pour lesquelles je me suis munie d’un miroir. Ce n’est pas la première fois que je travaille parmi les arbres. C’est mon terrain de jeu. Je m’y sens chez moi. Le projet : aller au centre, placer le miroir sur les troncs coupés et créer ainsi une forêt factice par un jeu d’illusion d’optique.
Reflets des vivants
Entiers
Arbres amputés
Fantômes dans
Le miroir
Pour atteindre la forêt, je dois traverser la terrasse, m’avancer sur un étroit chemin herbeux au bord duquel je croise un arbre au tronc creusé et d’autres, plus petits, penchés le long du sentier (si bien qu’il me faut courber le dos pour y progresser). Puis le vert se répand plus largement dans un verger. Je le traverse en quelques minutes, appareil photo et miroir sous le bras. Au fond, un talus à franchir puis une clairière remplie d’herbes folles. Sur le côté, trois grands arbres et enfin, la forêt.
Un immense pin marque une verticale affirmée devant les centaines d’autres. Un peu plus loin, racines, ronces, fougères.
Bourdonnements.
Le soleil si
Blanc sur les herbes jaunes
Frappe les cimes
Les brûle au sommet
Là où d’ici nous ne voyons rien
Faute de hauteur
Et crée une ombre si
Épaisse si
Charbonneuse et compacte
Que là où nous pouvons enfin voir
Alors nous ne voyons plus
Qu’obscurité en nombre derrière
La lumière brindilles
Angoissée, j’observe un moment la forêt sans jamais parvenir à y entrer, cachée dans les grands épis dorés de la clairière. Je recule et fais demi-tour. Les heures, les journées qui suivent répètent ce parcours de façon quasi rituelle.
Terrasse, chemin, verger, talus, clairière.
Entrée de la forêt.
Photographies de son reflet dans le miroir. Demi-tour.
Clairière, talus, verger, chemin, terrasse.
Studio.
Chaque étape du pèlerinage est jalonné d’autres arbres, aux plus modestes dimensions, qui m’accompagnent et me montrent la voie : comment aller vers la forêt interdite et comment en revenir. Ils sont mes repères.
Amis immuablement enracinés
Témoins de mon inquiétude
Geste chaque matin reproduit, une caresse sur la première écorce baptisée « Arbre Un ». Suivent d’autres écorces sous les doigts, Arbre Deux, Arbre Trois. Je saisis leurs empreintes sur du papier calque afin qu’ils restent un peu plus près de moi. Jusqu’à l’Arbre Treize. L’intouchable.
J’en ignore encore la raison, mais l’entrée de cette forêt m’est restée interdite. J’ai passé mon séjour à contempler son reflet depuis la clairière.
Magali Lambert