LES ARTISTES 2018
Du 22 janvier au 5 mars 2018
Quand la réflexion rend la transparence opaque.
LaGaleru joue avec notre sens de la vue et notre réflexion sur notre environnement. L’installation de l’artiste plasticien Antonius Driessens nous interpelle sur notre évolution philosophique, sociale, technique et humaine.
Notre culture est reconnaissable par l’utilisation des matériaux de construction – bois – et de communication – papier. Pourtant notre évolution urbaine nous met à distance de la nature tout en nous laissant dépendant d’elle. L’évolution technologique nous la fait percevoir sous un autre angle tout comme Réflexion nous fait percevoir autrement LaGaleru.
Réflexion est une installation qui joue avec le passant et la vue sur l’environnement.
La vitrine de LaGaleru devient un miroir conceptuel. Un miroir nous donne une image superficielle de ce qui se trouve devant le miroir. Ce principe nous met devant une situation peu profonde et notre regard cherche à trouver une profondeur dans cette image renvoyée en deux dimensions.
Pour LaGaleru la réflexion qu’on peut voir dans les vitres devient le contenu de l’intérieur de la vitrine. L’extérieur devient intérieur. L’environnement direct, c’est à dire les différents immeubles d’en sont intégrés dans LaGaleru et sont installés en tant que contour en trompe l’œil.
Ce trompe l’œil est réalisé en bois et papier de récupération, pris de préférence à Fontenay-sous-Bois (décharge, déchetterie, bennes, chantier etc.) pour un rapprochement direct avec le lieu.
Sur le bois, et aussi à l’extérieur de LaGaleru, des affiches, journaux découpés sont ajoutés pour détailler l’image “miroir”. La récupération nous montre également le cycle de construction, consommation, destruction dans la vie quotidienne et culturelle.
Le projet nous pousse à regarder les choses en profondeur en les présentant en deux dimensions, tout en représentant trois dimensions en mosaïque / trompe l’œil. Il y a un décalage entre l’extérieur qui “reflète” la rue et l’intérieur qui fait la même chose, tout en étant un “intérieur”.
Qui :
Antonius Driessens a fait des études de design à la prestigieuse Design Academy Eindhoven et à l’école des beaux-arts d’Utrecht. Embauché dès sa sortie par une agence de communication il découvre l’univers numérique et en fait son métier consacrant tout son temps libre à la création artistique. Un jour l’envie de créer, de partager les créations, de vivre de sa passion initiale devient plus fort que tout et il décide de se lancer dans l’aventure d’une vie d’artiste.
Le bois l’inspire, lui parle. Il choisit de se rapprocher de la nature Il se crée entre la matière et lui une osmose parfaite. En voyant du bois carbonisé il a l’idée de l’associer au bois naturel, au bois flotté. L’association des différents tons de gris avec le bois brûlé est une révélation. Il est le premier à créer des tableaux-sculptures en incluant le bois brûlé.
19 mai 28 juin 2018
La violence conjugale est multiforme.
Souvent taboue, les chiffres sont pourtant là pour en rappeler son ampleur.
Elle ne constitue pas un fait isolé ou un « accident » dans une relation de couple.
En 2016, 123 femmes et 34 hommes ont été tués, victimes de ces violences conjugales.
Avec 157 poupées symbolisant cet état de fait, LaGaleru met en espace et en volume l’ampleur des violences avec l’installation Dolores de l’artiste Séverine Bourguignon.
Alors… Victime, auteur ou témoin ?
L’installation DOLORES met en espace et en volume l’ampleur des violences conjugales en France, phénomène qui cause la mort de près de 200 personnes chaque année, trop souvent réduites à un encadré dans un journal.
Ces poupées de forme, de taille et de teintes génériques permettent d’unifier l’installation et expriment l’anonymat et l’aspect statistique, déshumanisé qui est donné à ces décès.
Chacune de ces Dolores est blessée dans sa matière, chacune de façon différente car les souffrances de ces femmes sont multiples. Le projet a été rejoint par de nombreux artistes, français et internationaux, car les violences conjugales sont une problématique d’ampleur mondiale.
Séverine Bourguignon est plasticienne, illustratrice et formatrice par le biais des arts plastiques. Elle choisit ses médias selon ce qu’elle a à dire, mais reconnait une préférence pour les matériaux de récupération, le textile et l’installation.
L’accumulation, la saturation de formes, de couleurs, le foisonnement font partie de son processus de création, tout comme le soin qu’elle porte à la scénographie et à la mise en espace de ses œuvres.
Artiste engagée, elle travaille sur des sujets relevant de l’écologie ou du féminisme. Son œuvre se veut accessible, porteuse de sens, de lien social et culturel.
Elle participe régulièrement à des projets collectifs, de proximité ou à l’international, car il est important pour elle d’échanger, de partager et d’humer non seulement l’air du temps mais aussi l’air du monde.
3 mai – 2 juillet 2018
Une image d’ailleurs, un mot d’à côté.
Pour partager la programmation artistique de LaGaleru dans le quartier de la Redoute, LaGaleru / Hors-les-murs s’installe dans les alcôves de la résidence Romain Rolland et présente le projet «Terres-Terre» de Mickaël Fidjili.
Ces murs ont vu grandir ce jeune photographe amateur qui, de retour d’un périple de quatre mois en Asie, a souhaité partager son expérience et interpeller les jeunes de son quartier.
En associant une image venue de l’autre bout du monde à un mot issu d’une langue qui leur parle : l’argot ; il leur montre que l’histoire de ces photographies a commencée de là où ils viennent et qu’eux aussi peuvent partir loin et réaliser leurs rêves.
Alors quel meilleur endroit pour dialoguer que la cité où il a vécu 20 ans de sa vie.
Du 14 juillet au 8 septembre 2018
LaGaleru se pré-fabrique en écosystème, mêlant les médiums contemporains pour exprimer le mouvement perpétuel de l’urbanisme.
Victor Cord’homme mêle réflexion et contemplation, son et lumière, symboles et cinétisme pour que notre cogito préréflexif perçoit ce qui n’est pas et ne soit pas ce qui est.
«L’expérience poétique se définit exactement par ce que la phénoménologie contemporaine appelle le préréflexif. L’expérience de la vie quotidienne se situant au niveau de la vie objectivante et de la vie réfléchie.»Les Temps modernes, numéro 213, 1397
L’installation « Intrastructure » est un univers fait de machines impossibles et rêvées, de structures en suspens dans l’espace, de mouvements répétitifs, lents et fascinants, de moteurs et d’hélices, de lumières et de sons, qui se situe sur la ligne ténue qui sépare et relie l’émergence de la figure à l’abstraction. En totale immersion, le regardeur n’a d’autre issue que de se laisser aller à ce que l’artiste lui propose dans ses installations picturales: l’expérience sensible d’un réel modifié et la plongée absolue dans une pensée tactile.
Qui :
Jeune diplômé des Beaux-arts de Paris (2017) Victor Cord’homme déroule sous nos yeux, des territoires, des cartes et des planisphères qu’il s’offre à lui-même autant qu’il nous les offre, tant il est clair qu’il arpente le monde et traverse les espaces, en perpétuelle alerte, comme à l’affût : en éveil permanent. Comme l’enfant qui cherche des compagnons de jeu, il nous entraîne dans son désir de ré-enchanter le monde et de le découvrir, et fait de nous les complices de sa démarche ludique !
Du 17 septembre au 13 octobre 2018
La question du territoire, comme celle de l’identité, est l’enjeu de sa propre définition ou redéfinition. La confrontation des histoires permet d’apporter des éléments de réponse à la question du rapport au territoire.
Céline Picard et Lucie Baudry, Graveuses en recherche, font de LaGaleru un vecteur de mémoire en interrogeant, par la photogravure et la taille d’épargne, ce qui était et ce qui s’est modifié.
A partir de traces récoltées, elles dessinent, en parcourant ses propres limites, une identité de la ville à la fois imprimée et effacée.
Quoi :
Qu’elle soit géopolitique, économique ou culturelle, la frontière traverse toute la société contemporaine dans tous les lieux et milieux. Elle est un lieu irrésolu dont la matérialité se déplace sans cesse, un lieu à la plasticité mouvante qui génère des investigations multiples. Les deux artistes s’attachent à éprouver la frontière spatio-temporelle (la visualiser, la situer, la comprendre, la traverser, la transgresser).
Au-delà des représentations cartographiques de l’espace, Céline Picard et Lucie Baudry dessinent des territoires subjectifs, collectifs ou individuels. Que cela soit à travers l’élaboration de fictions narratives, les enquêtes de terrain ou l’action in situ, elles tendent à rendre visible l’asymétrie des rapports de force qui structurent le monde et pointe du doigt la recomposition permanente des frontières comme paradoxe de notre société globalisée.
La question du territoire, comme celle de l’identité, sont l’enjeu de sa propre définition ou redéfinition. La confrontation des histoires permet d’apporter des éléments de réponse à la question du rapport au territoire.
La zone de Fontenay sur laquelle s’inscrit LaGaleru était maraîchère avant d’être ouvrière. L’installation Passages d’Espaces inscrit une démarche artistique sur un territoire en parcourant les traces de son histoire et inscrit « l’impression » dans des enjeux de création contemporaine qui révèle plus qu’elle ne montre.
- Démarche : interroger ce qui était et ce qui s’est modifié pour dessiner une identité, à la fois, imprimée et effacée.
- Passages : Voyager à la lisière de 2 milieux: urbain et rural, aux bords des routes et des chemins, ces intervalles mal définis, oscillant entre urbanité et paysage, zones agricoles et industrielles.
- Circulations : Récolter des traces de la ville à travers son histoire et ses activités, entre hier et aujourd’hui.
Une partie du travail a été gravée à l’Atelier autonome du livre de Mosset, dans les Pyrénées orientales.
Les impressions ont été réalisées à l’Atelier aux Lilas pour la typographie et l’estampe.
Qui :
Céline Picard et Lucie Baudry sont graveuses en recherche.
Par le biais de la photogravure et la taille d’épargne, elles travaillent sur la transformation par évocation des circulations à partir de traces récoltées du passé et du présent. Elles font des propositions visuelles sur la question des territoires instables où le risque se conjugue dans l’incertitude par strates superposées.
Du 22 octobre au 17 novembre 2018
Le féculent culturel de LaGaleru est la pomme de terre « Belle de Fontenay ». Dans une critique omniprésente du gaspillage alimentaire, l’installation « La Sournoiserie » de l’artiste Joanna Wong rend hommage à ce légume vertueux. Une pomme de terre qui germe, on ne la considère plus comme comestible, on est prêt à la jeter à la poubelle. Pourtant elle refuse cette mort si facile. Elle n’a jamais été si vivante qu’avec ses tubercules.
Chaque année, c’est un tiers de la production alimentaire mondiale qui est perdu ou jeté.
Ne serait-ce qu’en France, plus de 10 millions de tonnes de nourriture finissent à la poubelle chaque année.
Pour nous interroger sur notre mode de consommation et de redistribution alimentaire, l’artiste Joanna Wong, pour son installation « La Sournoiserie », s’est inspiré du journal des pommes de terre d’Henri Cueco. La pomme de terre germe. Des pustules percent leur peau. Cette germination confirme la sournoiserie de ces tubercules.
Regarder une pomme de terre en lui faisant un petit théâtre, la rendre irréelle ou d’une réalité autre, fictive; la couper du monde. A nier ainsi l’alentour, la doute vient à la pomme de terre elle-même et à force de silence elle vous infiltre à votre tour.
Isoler la pomme de terre du reste du monde, c’est la rendre absurde, ignoble dans sa forme, indifférente, cosmique ou générique, finalement menaçant. C’est aussi provoquer le doute sur l’espace, sur sa dimension de pomme de terre. Le vertige du tubercule vous prend, amplifié par cette permanent inertie.
Artiste plasticienne, Joanna Wong s’intéresse à l’organique. Elle accorde une certaine liberté́ à la matière pour lui laisser trouver sa propre forme. Au travers de ses installations, elle cherche un équilibre entre le contrôle et la liberté́, entre le domestique et le sauvage. L’activité́ créative est un processus plutôt qu’un résultat. Que ce soit la cueillette, l’élevage ou la culture, sa pratique prend des airs d’agriculture urbaine et de cuisine. Elle est actuellement en doctorat d’arts plastiques à Panthéon-Sorbonne et travaille aux Grands Voisins.
Le 13 décembre 2018 au 19 janvier 2019
Vu, pas vu, entendu, raté, apprécié, VIP ou simple fan, célèbre festival ou concert de poche, guitar-hero ou génie torturé, musicien inconnu, oublié ou autre chouchou des critiques… l’installation Backstage de l’artiste Dorce nous offre un accès particulier dans les coulisses des concerts Rock.
Tout en dénonçant le dispositif complexe des pass VIP – exacte indication visuelle de notre appartenance à un groupe social – LaGaleru vibre au son du rock gourmand, de guitares électriques bouillonnantes, de lumières vives afin de célébrer la richesse et la diversité de cette musique populaire qui risque de nous « secouer » encore longtemps….
Quoi :
Le Backstage est un lieu particulier, un préambule à l’exhibition d’un artiste devant son public, un endroit chargé de tension, de magie,… Il concentre un monde de technicité invisible bien orchestré et se rempli, à la fin de la prestation artistique, d’un monde grouillant muni du sésame indispensable : le pass VIP.
L’installation « Backstage » de l’artiste Dorce nous offre un accès privilégié à ce monde caché. On se faufile dans les coulisses d’un concert imaginé et le spectacle peut commencer.
Qui :
Dorce, artiste fontenaysien a deux passions, la musique et la peinture.
D’un côté le monde de la musique. Il est guitariste, pianiste, professionnel des techniques du spectacle – son, light, vidéo, déco, etc – passionné des ambiances de coulisses, producteur de groupes.
De l’autre le monde de la peinture. Il peint les icônes du rock en grand format et récupère des matériaux et des accessoires de lumières de concerts usagés pour les recycler et créer un monde d’accumulation particulier.
Cette double vie, qui lui a permis d’entrer dans l’intimité et les coulisses de stars du rock, nourrit sa pratique artistique.